Dans la majorité des villages wallons, nous pouvons distinguer trois structures spatiales de base qui, combinées, nous donnent l'organisation spatiale du lieu :
Le site doit son originalité à la bordure massive des dolomies au sud de la commune et sur la rive gauche de la Meuse. Ce massif est entaillé par le ruisseau de la Gelbressée, qui offre une voie d'accès au village. La pente de ce massif est quasi verticale. Ainsi, à hauteur de la Meuse, la cote d'altitude affiche 80 m au-dessus du niveau de la mer.
Le relief de Marche-les-dames peut être divisé en cinq grandes unités :
Ce qui fait la beauté du site sont incontestablement les bois et forêts, dont la superficie représente 40% de la commune. Ils sont situés à l'ouest de la commune et bordent le ruisseau de la Gelbressée.
Le hameau de Wartet est caractérisé par sa prédominance agricole tandis que le lieu-dit Hainiau est dominé par l'exploitation de la dolomie.
Avantages et inconvénients de ce site
Un avantage incontestable du site est la présence de trois cours d'eau :
Avantageux pour l'agriculture, le plateau de Wartet va donc logiquement être réservé aux cultures et aux pâtures. Ce n'est qu'après la Seconde Guerre Mondiale que le finage sera également réservé à l'extension des zones habitables.
En regard des avantages, les inconvénients pourraient paraitre marginaux. Citons malgré tout, les importantes dénivellations entre Marche-les-Dames et Wartet et entre Wartet et Hainiau qui n'ont pas permis à l'habitat et à l'agriculture de se développer.
D'ailleurs, ces espaces sont encore pour la plupart occupés par des bois. C'est la morphologie de ce relief qui explique aussi en partie le non développement de Marche-les-Dames sur la rive gauche de la Gelbressée.
La carte de Ferraris nous permet de distinguer aisément deux auréoles villageoises.
La plus ancienne et la plus dense se localise à Marche-les-Dames, qui à cette époque vit essentiellement de l'industrie du fer et de l'influence de l'abbaye. Signalons qu'une partie de ces habitations seront détruites au profit de la construction de l'actuel Château d'Arenberg.
Cet habitat est surtout concentré le long de la Meuse et possède une extension à l'Est, au quartier de Hainiau.
Une deuxième auréole est à situer à Wartet, autour du Château-ferme et de la ferme des Dames. Sa densité est plus faible que celle de Marche-les-Dames mais est un peu plus étendue. Sa concentration principale se situe au lieu-dit "Bayet" qui sert en quelque sorte de liaison entre Wartet et Marche-les-Dames.
Un autre point, qui mérite d'être souligné, concerne les liaisons routières. Marche-les-Dames est relié à Wartet par l'actuel rue aux Vallées qui trouve un prolongement à Wartet, l'actuel Grand-rue. L'axe "Grand-rue, rue des Bigarreaux et route de Hannut" est également présent.
Par contre, Wartet n'est pas directement relié à Gelbressée (ce qui est le cas aujourd'hui par la rue de Gelbressée) et à Hainiau (actuellement rue aux Ruwales) à l'inverse de Marche-les-Dames.
Le finage va nous permettre de bien cerner les deux différentes vocations économiques de Marche-les-Dames et de Wartet.
A Marche-les-Dames, la vallée creusée par la Gelbressée ne laisse que peu de place à l'agriculture. Le peu de défrichement sur les deux rives du cours d'eau s'explique simplement : à quoi bon défricher si c'est pour obtenir des terres difficilement cultivables du fait de leur pendage ?
D'ailleurs, les versants sont encore occupés par des bois. Il est donc logique que les défrichements aient eu lieu plus vers le Nord-Est de Marche-les-Dames, en l'occurrence à Wartet dont le relief, un plateau, se montrait plus favorable à la pratique agricole. Ainsi donc, le finage de Wartet comprendra des terres agricoles, des pâtures et des vergers.
Les deux auréoles villageoises, de par leurs finages différents, ont donc eu une évolution économique différente : à Marche-les-Dames, ce sera la prédominance de l'industrie et à Wartet, celle de l'agriculture.
L'évolution du finage aura aussi une répercussion quant à la distribution démographique du village. Ainsi, Marche-les-Dames aura finalement peu évolué depuis le 18e siècle. Par contre, Wartet verra sa population croître sans cesse.
Ce développement va d'abord s'opérer près du centre de Wartet que nous situerons au Château-ferme, il s'agit de la rue Ardenne et de la rue Rangnet.
L'évolution la plus spectaculaire se réalisera au Nord. Tout d'abord au Nord-Est où le quartier Fond des Maréchaux et rue de Pontailler vont se construire durant la seconde moitié du 20e siècle.
Ensuite au Nord-Ouest où une bonne partie du bois Neubeckmont va être défrichée au profit de l'habitat (rues de Gelbressée et des Dix-Bonniers) et de l'agriculture. Ceci ira de pair avec l'aménagement d'une nouvelle route, la rue de Gelbressée. Ne négligeons pas non plus l'extension qui correspond à la Rue aux Ruwales, du Poncia et du Fond de Wartet et qui se déroulera au début du 20e siècle. Elle sera principalement un quartier ouvrier.
Nous pouvons conclure en trois points :
Autrement dit, Marche-les-Dames incarne à merveille une évolution de la localisation de l’habitat rural en fonction de ses contraintes orographiques. Il est donc logique que l’agriculture et, par conséquence, le patrimoine rural vont se développer de façon plus importante à Wartet.
Sources : www.marche-les-dames.be et brochure - Le patrimoine rural de Wartet et de Marche-les-Dames, Laurent Aidans, 1996, Les Amis de Marche-les-Dames et Wartet.